POURQUOI Y A-T-IL SI SOUVENT DES CONFLITS LE MATIN AVANT D’ALLER À L’ÉCOLE OU POUR FAIRE UNE TÂCHE?

Par Cerveau et Psychologie

Dépêche-toi! Nous n’avons pas le temps! Comment se fait-il que tu ne sois pas encore prêt? Tu vas rater ton bus! Mais qu’as-tu fait pendant tout ce temps? Tu es dont bien lent! Es-tu paresseux? Arrête, ne soit pas impulsif! Ça fait une heure que je t’ai demandé de mettre la table et tu n’as toujours pas rangé ta chambre, alors que je le demande depuis ce midi!
Ah, la gestion du temps! Combien de fois n’est-ce pas la source de ces confrontations et autres luttes de pouvoir entre vos enfants et vous?

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• Savez-vous qu’il existe au moins quatre modes de temps, c’est-à-dire quatre manières de se représenter le temps?
• Sur quel mode de temps vivez-vous?
• Quel est celui de vos enfants ou ados?
• Savez-vous que la “gestion du temps” est un des principaux problèmes que rencontrent toutes les familles?
• Savez-vous que la mécompréhension des modes du temps induit beaucoup de luttes de pouvoir?
• Savez-vous que si vous étiez capable d’identifier le mode de temps de vos jeunes, vous pourriez réduire beaucoup de conflits familiaux?

Curieusement, le temps n’existe pas de la même manière quand on est un jeune enfant, un enfant, un ado ou un adulte.

En fait, le “concept de temps” évolue au fil des années en fonction du degré de maturité du cerveau. Il y a donc plusieurs manières de se représenter le temps et les disputes naissent souvent d’un conflit entre deux modes de temps.

Dès lors, on peut se demander :

• Comment concilier les différentes manières de vivre le temps ?
• Comment se fait l’apprentissage de la gestion du temps chez nos enfants et nos ados ?
• Quels sont leurs besoins et leurs limites relativement à cet apprentissage ?
• De quelles façons pouvons-nous les soutenir de façon bienveillante ?

Vous aurez compris, nous aborderons dans ce dossier, le thème de la « gestion du temps » chez nos enfants et nos ados.

Par ailleurs, un webinaire gratuit sera proposé le 8 novembre prochain sur ce sujet source de nombreuses disputes à la maison. En attendant, découvrons l’histoire de ces familles pour lesquelles il est parfois si difficile de composer avec le temps imparti.

SACHA, 4 ANS

• Avez-vous l’impression de toujours répéter les mêmes choses à votre enfant le matin ? « Habille-toi ! Viens brosser tes dents ! Dépêche-toi ! Nous n’avons plus le temps de jouer, c’est le temps de partir… »
• Vous arrive-t-il de perdre patience et d’hausser le ton pour vous sentir écouté, entendu ?
• Vos matins sont-ils synonymes de douceur et de légèreté ou davantage une course contre la montre où vous êtes sans cesse en train de donner des consignes à votre enfant ?

Il est tout à fait normal que vous et votre jeune enfant ne soyez pas au même diapason concernant la gestion du temps, car le temps ne s’écrit pas de la même manière pour votre jeune enfant que pour vous-même !

• Qu’est-ce qui explique une compréhension du temps qui est différente ?
• Comment les enfants comprennent-ils le temps ?

LA COURSE CONTRE LA MONTRE LES MATINS DE SEMAINE

Les matins de la semaine doivent être efficaces chez Nadine et sa famille. En une heure, du réveil au départ de la maison, tout doit s’exécuter au quart de tour pour permettre l’atteinte des objectifs du petit matin : arriver à temps à la garderie, au bus et au travail ! Rien que ça, cela demande une excellente gestion du temps pour Nadine.

Sa fille de 7 ans arrive à bien faire ses différentes tâches matinales. La fillette a toujours eu de la facilité à réaliser les différentes tâches routinières. Cela la rend fière et elle se plait de dire à sa maman qu’elle a tout fini.
En revanche, c’est une autre histoire pour son petit frère de 4 ans. Nadine doit continuellement répéter à Sacha, son fils, ce qu’il doit faire. C’est épuisant, à la longue! Et la comparaison entre les deux enfants n’arrange pas les choses, au contraire. Nadine se fâche et l’opposition commence pour Sacha.

• Pourquoi ses enfants sont-ils si différents ?

Nadine est une maman très organisée. Elle a lu aussi plusieurs livres pour l’aider à bien réussir son rôle de mère tout en étant une professionnelle hors pair.

Chaque matin, Nadine prévient Sacha de chaque étape. « Dans 5 minutes, tu devras aller t’habiller. » « Dans 5 minutes, je vais m’habiller » répète son fils!”

Pourtant, Sacha joue dans sa chambre. Il se voit en pompier, en policier, en super-héros ! Ainsi, sa maman constate que, non seulement, il n’est pas habillé pour aller à la garderie, mais qu’il a mis son costume d’Halloween et qu’il veut continuer à jouer.

Comme chaque matin, Nadine se désespère. La tension monte. Elle se voit déjà arriver en retard à son travail. Elle se voit déjà regarder de travers par ses collègues qui murmureront « encore une fois » avec un sourire plein de mépris.

Elle revient à Sacha. Elle lui rappelle qu’elle l’avait prévenu et qu’il était d’accord.

Toutefois, Sacha ne comprend juste pas pourquoi n’arrive-t-elle pas à comprendre que s’il arrête de jouer, c’est toute la ville qui sera en danger ! Ça c’est important. Alors, le super-héros sort ses flèches de feu et fait mime de confronter celle qui se refuse de le laisser « effectuer son travail ».

La confrontation débute. Une lutte de pouvoir qui revient tous les matins. Et comme tous les matins, elle doit rappeler à Sacha que son principal métier, pour le moment précise-t-elle, c’est d’aller à la garderie.

Mais, lui, il veut juste plus le temps pour jouer. Il est déçu. Il se demande ça change quoi qu’il joue à la garderie ou ici, alors qu’il préfère rester à la maison avec maman. Il proteste, il part se cacher… et maman crie.

Tristement, Sacha cède et il commence enfin à s’habiller…

Le cœur n’y est pas. Il enlève son costume, mais rêve encore qu’il a sauvé la ville du canari-noir-de-colère. Puis, il enfile ses vêtements, l’un après l’autre. Il veut remettre son pull avec le clown sur le torse, mais il est sale et Nadine le reprend. Distrait par sa mission secrète, il oublie de mettre ses petites culottes et met le chandail propre à l’envers.

Nadine perd patience. Elle voit l’heure avancer. Elle est stressée. Il doit encore déjeuner car « c’est le repas le plus important de la journée » expliquait sa mère quand elle était fillette. Alors, elle hausse une nouvelle fois le ton afin que son fils s’active.

Répéter, s’impatienter, se fâcher, crier… Elle se sent prise dans un engrenage. Pourtant, il y a sûrement une façon de faire avec Sacha. Elle se dit qu’elle est la pire mère au monde. Elle s’effondre en larme.

Que pourrait-elle faire de « différent », se demande-t-elle. Elle sent qu’il y a quelque chose qui échappe à sa compréhension.

• Comment faire en sorte que les matins soient plus harmonieux ?
• Comment peut-elle faire pour être moins stressée avec le temps qui défile le matin afin d’être plus disponible pour accompagner son fils dans les différentes tâches ?

PRENDRE SOIN DE SOI AFIN DE MIEUX ACCOMPAGNER NOTRE ENFANT

Au travail, Nadine n’a pas que des collègues hautins. Elle a sa grande amie Sarah. Elles ont étudié ensemble et elles ont toutes les deux été recrutées par le même bureau. Elles s’encouragent l’une l’autre, tant pour leurs tâches parfois hautement stressantes, parfois pour leur vie de famille. Elles se rassurent aussi souvent l’une, l’autre.

À midi, elle discute avec son amie de tous ces matins difficiles. Sarah a vécu la même situation jusqu’à ce qu’elle participe à l’École des émotions, une formation qui explique les émotions et les comportements des enfants.

Elle partage à Nadine qu’un épisode des aventures de Mélou et Dr Jay portait justement sur le thème du « temps ». Sarah explique que les enfants ne comprennent pas le temps comme les adultes.

C’est ainsi que Nadine comprend que son fils est bien plus dans le moment présent qu’elle-même et que c’est tout à fait normal à son âge. Patienter, c’est difficile pour un bambin, surtout quand les émotions modulent sa compréhension du temps.

Quelque part, cinq minutes, c’est long quand maman n’est pas disponible et c’est vraiment très court quand il joue au super-héros-avec-ses-flèches-de-feu.

Somme toute, mentionner le temps qu’il reste avant la prochaine tâche à accomplir, c’est se figurer le temps comme un adulte. La maturité du cerveau d’une jeune enfant ne lui permet pas encore de comprendre le concept de « cinq minutes ». L’enfant a donc besoin d’être accompagné.

Parfois, les différentes routines peuvent aider, comme pour sa grande sœur qui cherche à plaire à sa maman. Pour d’autres enfants, elles apparaissent comme une contrainte envahissante et le rêvasser devient l’échappatoire au stress occasionné par les consignes quotidiennes.

Et si, en plus, maman est anxieuse, l’enfant se réfugiera encore plus dans son personnage imaginaire qui n’a peur de rien… ou le respect de la routine se transformera peut-être en TOC.

• Comment faire pour accompagner son enfant pas à pas, et ce, tout en douceur, lors des moments plus chargés en tâches à accomplir ?

Nadine décide de se lever plus tôt pour prendre le temps de se préparer. Ainsi, elle a un moment calme le matin, elle prend le temps de boire son café et ensuite elle monte s’habiller et se maquiller en toute tranquillité.

Elle s’est entendue avec son conjoint, qui part tôt le matin, pour qu’il prépare les lunchs la veille. C’est un travail d’équipe.

Quand elle va réveiller les enfants ou lorsqu’il reste une heure avant le départ de la maison, elle est totalement disponible pour accompagner ses enfants dans les différentes routines du matin.

Quand Sacha a terminé de manger, elle lui demande s’il veut lui montrer comment il s’habille aujourd’hui. Lui laisser un peu de choix, c’est une manière d’éviter de renforcer son envie de fuir. Ensuite, elle le questionne sur la prochaine étape de sa préparation du matin.

Elle accompagne donc son fils pas à pas le matin. Cela peut sembler exigeant, car ça prend du temps, mais c’est plus harmonieux à la maison : les matins sont plus doux et le stress a fortement diminué. La journée commence mieux ainsi, il y a moins de « gaffes » à la garderie et elle est moins stressée tout au long de sa journée au travail !

Retenons que…

1) Durant l’enfance, l’enfant est dans le moment présent. Il ne se représente pas le temps en fonction du passé ou du futur.

2) À cet âge, l’enfant passe rapidement d’une chose à l’autre, sans égard à la durée de l’activité s’il aime ce qu’il est en train de faire. En revanche, il s’impatiente facilement quand il doit attendre pour quelque chose d’important pour lui.

3) Les conflits reliés à la gestion du temps sont souvent reliés au fait que l’adulte ne comprend pas la logique de l’enfant, et vice-versa. L’impuissance ressentie dans le conflit de logique crée de vives émotions. L’enfant comme le parent ne se sent pas compris et entendu.

4) Comme adulte, il est préférable d’être disponible pour l’enfant lorsqu’il y a une question de temps qui détermine le rythme d’une tâche ou d’une activité. Plus l’enfant est jeune, plus il a besoin d’être accompagné pas à pas. La douce présence aidera aussi à mieux vivre le stress de la transition.

5) Comme l’enfant ne peut pas accéder à la logique de l’adulte, cela demande parfois une réorganisation du temps de la part du parent ou de l’intervenant.

POUR EN SAVOIR PLUS

• Mélou & Dr Jay – L’école des émotions (accédez à la formation).

• Apprivoiser les 1001 émotions qui colorent la vie des familles (accédez à la formation).

• Choisir d’intervenir avec bienveillance dans sa famille (accédez à la formation).

LOUIS, 8 ANS

Julie est enseignante de 3e année. Chaque année, elle est surprise de voir que plusieurs élèves ont beaucoup de difficulté à s’organiser dans les différents travaux à faire. Elle se plaint souvent qu’ils ont une mauvaise gestion de leur temps pour les compléter.

Pourtant, Julie utilise plein de trucs qu’on enseigne allègrement à l’université ou en formation continue. Elle les applique religieusement. Par exemple, elle a pris l’habitude d’inscrire au tableau la liste des travaux qui devront être faits et complétés au courant de la semaine.

• Pourquoi certains élèves répondent mieux aux attentes de l’adulte quant à la gestion de leur temps que d’autres élèves ?

En début d’année, elle explique pourtant les rudiments de sa méthode aux élèves. C’est très simple, explique-t-elle. Elle enseigne la matière, puis donne un exercice à faire. Quand l’élève a fini son travail et qu’il reste du temps avant de passer à une autre matière, il doit regarder au tableau la liste des travaux à réaliser pendant la semaine. L’élève débute par le premier item affiché sur le tableau, puis le deuxième, puis le troisième et ainsi de suite. Cela devient une petite routine qui, une fois bien rôdée, fait en sorte qu’il n’y a pas de devoirs à faire durant la fin de semaine. L’élève est donc gagnant !

D’un point de vue pédagogique, ces travaux permettent de réviser certaines notions apprises mais, aussi, d’effectuer des exercices d’enrichissement. L’élève est donc également gagnant.

Enfin, il s’occupe, donc ne fait pas de niaiseries et ne se fait pas punir. L’élève est encore une fois gagnant.

Elle aime cette méthode car, se dit-elle, c’est une bonne façon de travailler l’autonomie des élèves qui apprennent à gérer leur temps. C’est bien, mais c’est une logique d’adulte.

Le problème, c’est que certains élèves répondent très bien à la méthode, surtout ceux qui sont rassurés par une méthode et la routine. Ils s’exécutent et, de fait, ils sont gagnants. Toutefois, ils font les choses sans se préoccuper du temps, car la méthode réduit leur stress de performance et ils sont félicités. Ils ne le comprennent pas plus que les autres, ceux qui résistent.

Louis fait partie de ceux qui résistent. Il a beaucoup de la facilité à l’école. Toutefois, il déteste qu’on lui dise quoi faire étape par étape ! Il a besoin de découvrir sa stratégie. Ainsi, il arrive à effectuer ses travaux avec succès si l’enseignante lui laisse une marge de manœuvre et qu’il se sent stimulé par ses apprentissages.

Toutefois, cela se complique dès que l’exercice est routinier ou qu’il ne se sent pas stimulé. Alors, il bloque et refuse de faire la tâche prescrite. Parfois, il se désorganise. D’autre fois, il fait les choses à l’envers. « Ah, il n’est vraiment pas autonome » se dit Julie.

Bienveillante, elle essaie de l’aider : « est-ce que tu sais quoi faire Louis ? » Il hausse les épaules, il ne sait pas ce qu’il doit faire. Elle lui rappelle alors la liste affichée au tableau. Il s’exécute en expliquant « c’est vrai, j’avais oublié! » Et il part dans la lune. « Oui, il manque vraiment d’autonomie, il ne sait pas gérer son temps ! » se désespère Julie.

Louis est parfois déçu le samedi quand il doit travailler au lieu de jouer. Toutefois, il réalise alors ses travaux en un temps record, puis va rejoindre ses amis au parc pour faire du vélo ou jouer au soccer. Somme toute, sa motivation, c’est d’aller jouer ! Est-ce vraiment un problème de gestion de temps ?

• Pourquoi n’y arrivent-ils pas ?
• Et si ses attentes n’étaient pas compatibles avec le développement de l’enfant et de sa maturité à gérer le temps ?

En fait, la logique du temps des élèves du primaire est essentiellement affective. On peut se tromper dans l’analyse de la situation. Les enfants qui sont rassurés par une routine qui compense toutes les petites transitions de la journée vont très bien fonctionner avec une méthode comme celle de Julie.

En revanche, les enfants qui ont besoin d’apprendre par eux-mêmes, qui ont besoin d’une motivation singulière pour se sentir stimulés par leurs apprentissages risquent de se désorganiser quand les tâches sont stéréotypées. Ce sont des élèves qui fonctionnent aux défis surtout dans la matière qu’ils aiment.

Ce n’est pas une gestion de leur temps. L’ennui devient trop envahissant, alors qu’une routine l’est tout autant. S’ils aiment l’exercice parce qu’on leur pose un excellent défi, ils foncent. S’ils se sentent stimulés, ils foncent. S’ils tombent dans une routine ou l’ennui, ils se dispersent. Ce n’est pas une question de paresse ou d’opposition passive, c’est un manque d’intérêt.

On retrouve d’ailleurs ce type de comportements chez les adultes qui procrastinent ! En effet, l’être humain sait composer de façon optimale avec toutes les habiletés de gestion du temps seulement autour de 35 ans.

Retenons que…

1) Il y a plusieurs logiques reliées au temps. Ainsi, l’enfant au primaire est dans la logique du « temps affectif ». Il aime ce qu’il fait ? Le temps passe rapidement. Il n’aime pas ce qu’il fait ? C’est fastidieux !

2) Certains enfants semblent « gérer » leur temps mieux que d’autres. En fait, ces enfants ont surtout appris à bien reconnaitre les attentes de l’adulte à y répondre ou qui sont rassurés par une routine. Ce comportement parle de leur anxiété, pas de leur capacité à bien gérer le temps.

3) Au primaire, les enfants ont besoin que nous les guidions en ce qui a trait à la gestion du temps surtout quand la motivation ou l’intérêt est faible. L’adulte doit alors s’attendre à répéter ce qui est attendu aux élèves et accompagner davantage ceux qui en ont besoin.

4) De façon générale, les filles ont plus de facilité à accomplir différentes tâches sur une longue durée, alors que les garçons préfèrent fonctionner par défis ou étape par étape avec une « récompense » à chaque réussite. Ces comportements sont renforcés par l’usage de jeux vidéos.

POUR EN SAVOIR PLUS

Voici des ressources pour vous aider à aider les enfants à mieux vivre ses émotions:

• Choisir d’intervenir avec bienveillance dans sa famille (accédez à la formation).

• Apprivoiser les 1001 émotions qui colorent la vie des familles (accédez à la formation).

Voici une ressource pour aider les élèves :

• La fabrique de l’enfant terrible et le drame de l’élève sage (accédez à la formation).

• Prendre soin de soi pour rester serein dans un contexte scolaire plein d’incertitudes (accédez à la formation).

LAYLA, 14 ANS

Les parents de Layla sont découragés ! Leur fille s’y prend toujours à la dernière minute pour réaliser ses tâches scolaires. Que Layla reçoive les consignes trois semaines avant l’échéance ou la veille d’un examen, aucune différence de comportement. Tout est à la dernière minute !

Ils constatent également qu’elle ne sort son sac d’école que le dimanche soir après le souper. Elle s’installe alors à son bureau pour entreprendre ses travaux. Elle soupire, elle est découragée par l’ampleur de la tâche et elle referme fréquemment tous ses livres après quelques minutes.

• Êtes-vous découragés par votre ado qui s’y prend toujours à la dernière minute pour effectuer ses travaux, pour étudier ?
• Pourquoi votre ado arrive-t-il à organiser toute une série de choses alors qu’il a de la difficulté à trouver un petit moment pour faire les tâches qu’on lui demande ?

TOUJOURS À LA DERNIÈRE MINUTE QUAND C’EST LE MOMENT DE FAIRE SES DEVOIRS

Pourtant, ses parents essaient de l’aider. Par exemple, ils lui rappellent qu’elle pourrait s’y prendre un peu d’avance, surtout les soirs où elle n’a pas grand-chose (dit-elle) à faire ! Ils essaient de lui faire remarquer qu’une tâche effectuée avec constance induit moins de découragement.

Pourtant, s’ils savaient seulement que ce genre de « conseils » ne sert à rien ! Oh, elle ne cherche pas à s’opposer. Elle est consciente que ses parents veulent l’aider. Elle ne se comprend pas, tout simplement. Elle a bien essayé les « trucs » de ses parents ou de ses profs.

Au primaire, ça marchait encore, mais au secondaire, c’est l’enfer. Alors, Layla place sa tête entre ses mains et elle pleure. Les émotions deviennent envahissantes. Et elle n’est pas plus disponible pour effectuer ses travaux. C’est un cercle vicieux.

Après avoir lu le livre « J’ai juste besoin de votre attention », les parents de Layla concluent que leur adolescente a besoin d’être soutenue dans la « gestion de son temps », mais pas juste dans l’organisation des travaux qu’elle doit faire à la maison. En effet, il y a toute une dimension de gestion du stress relié aux tâches.

En fait, le « temps affectif » qui caractérise l’enfant a laissé la place au « temps effectif », mais celui-ci n’est nullement intégré d’un point de vue fonctionnel. Certes, l’ado sait désormais qu’une heure, c’est une heure, alors qu’une semaine, c’est une semaine. Toutefois, les émotions vont moduler le rapport au temps.

Par exemple, le professeur d’histoire-géo leur demande de choisir un pays du monde pour préparer une présentation de la culture et des réalités socioéconomiques. Layla a toujours rêvé d’aller en Suisse, le pays de sa grand-mère décédée quand elle avait huit ans. Ils ont trois semaines pour réaliser la tâche et présenter un dossier « agence de voyage ».

Layla est emballée par le projet. De retour à la maison, elle ouvre son ordinateur, jette un coup d’œil sur wikipedia, effectue une recherche d’images, de prix d’avion, de villes à visiter… Elle se met à penser alors à sa grand-mère, puis texte son amie. Elles se chamaillent.

Tant ses parents que le professeur rappellent l’échéance. Pourtant, Layla se dit « Bah, j’ai trois semaines pour faire ma recherche, j’ai le temps ! »

Un nouveau rappel la semaine suivante. Elle se dit encore qu’elle a le temps. Et puis, il est vraiment temps qu’elle se réconcilie avec son amie. Une semaine à ne pas se parler, c’est vraiment plate.

Alors qu’il reste une semaine avant le dépôt du dossier « voyage de rêve », les adultes bienveillants lui rappellent l’échéance. Cependant… Une semaine, c’est long. Il y a tellement de choses qui se passent dans la vie d’une ado en une semaine que, même si le concept existe théoriquement, elle fonctionne par gestion d’urgence.

Et plus il y a d’émotions, plus l’urgence est prioritaire. Autrement dit, se réconcilier avec une amie ou la supporter quand elle a un chagrin d’amour, c’est plus urgent que de réaliser son projet, même si elle aime le thème et qu’elle se sent stimulée de mieux connaître le pays de sa grand-mère. Au primaire, cela aurait marché, mais pas au secondaire.

Cependant, la veille du jour de remise, c’est la panique ! Si elle ne vivait pas de stress suffisant pour se mettre au travail jusqu’il y a trois ou quatre jours, elle s’est rendu compte qu’elle ne savait pas par quel angle construire son dossier « voyage de rêve ». Alors, elle a procrastiné. Et la veille, elle s’en veut à mourir d’avoir « niaisé » comme dit parfois son père.

Somme toute, le stress joue un rôle essentiel dans la gestion du temps chez les ados. Comme ils fonctionnent selon un barème affectif d’urgence, une longue échéance fait en sorte qu’il n’y a pas assez de stress pour se mobiliser. Malheureusement, l’absence de plan de travail (qui aurait pu être construit en classe ou avec les parents) a stimulé la fuite, bien aidée par les textos avec ses amies. La veille, enfin, voit l’adolescente être submergée de stress, donc dysfonctionnelle.

Somme toute, la gestion du temps chez les ados est intimement reliée au degré de stress relatif au sentiment, réel ou imaginé, d’urgence.

Retenons que…

1) Durant l’adolescence, les jeunes commencent à apprivoiser le concept chronologique et à comprendre sa représentation : « 1 heure est une heure ».

2) Toutefois, la représentation du temps est reliée au degré de stress chez les adolescents. Il est donc naturel que l’ado repousse ses tâches scolaires jusqu’au moment où il réalise qu’il reste très peu de temps avant l’échéance, surtout si le thème est peu mobilisant.

3) Les adolescents ont besoin d’être accompagnés et outillés dans la gestion de leur temps. Ils sont en mesure d’accéder à certaines ressources qui leur permettent la gestion de leur temps. Mais, nous devons d’abord leur montrer et les accompagner dans ces différents apprentissages reliés à l’organisation dans le temps.

POUR EN SAVOIR PLUS

• Cerveau et adolescence: les cinq étapes pour passer du monde de l’enfance à l’âge adulte (accédez à la formation).

• Apprivoiser les 1001 émotions qui colorent la vie des familles (accédez à la formation).

Dossier préparé par Joël Monzée & Jade Dufort – © Institut de psychologie et neurosciences, 2022.

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