Montréal 2019 – Colloque international
Avant l’organisation de ce colloque international, Joël Monzée avait déjà, dans les années 1990-2000 organisé ou dirigé l’organisation d’une dizaine d’événements scientifiques ou sociopolitiques. Avec ce colloque international, il entendait essayer de mettre en lumière les récentes découvertes qui nous invitent à choisir la bienveillance dans nos interactions avec les enfants et les ados, qu’on soit parent ou intervenant. Un seul objectif: encourager les adultes à privilégier des interventions bienveillantes, basées sur la cohérence, la constance et la compassion, mais aussi le respect de soi et d’autrui.
C’est ainsi que près de 800 personnes ont participé, en salle ou en virtuel, à ce premier rendez-vous durant lequel 23 conférenciers sont venus exposer autant leurs craintes face aux défis auxquels sont confrontés les jeunes, mais aussi les pistes de solutions concrètes. Si l’invitée d’honneur était la neuropédiatre Catherine Gueguen, deux ministres ont respectivement introduit chacune des deux journées de rencontres, à savoir le ministre de l’Éducation et des Études supérieures, Jean-François Roberge, et le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant.
Six thèmes pour comprendre et agir avec bienveillance
Alors que les thèmes sont encore plus d’actualité aujourd’hui, assistez à la rediffusion des 22 conférences pour explorer les défis et proposer des solutions pour soutenir les jeunes.
1. Les facteurs essentiels soutenant la santé des jeunes
2. L’impact du numérique sur la santé des jeunes
3. Soutenir les jeunes pour canaliser l’usage du numérique
4. Le sens de l’Éducation: ode à la bienveillance, la cohérence et l’intégrité
5. Soutenir le développement des jeunes
6. Vers une transformation de nos interventions auprès des jeunes
Les 23 conférenciers
- Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation et des Études supérieures
- Lionel Carmant, ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux
- Catherine Gueguen, pédiatre et auteure (France)
- Serge Beauchemin, entrepreneur et ex-Dragon, idéateur d’Alias-Entrepreneur
- Joël Monzée, docteur en neurosciences
- Véronique Bohbot, docteure en neurosciences
- Karina Marceau, documentariste et cinéaste
- Guy Falardeau, pédiatre et auteur
- Valérie Labbé, pédiatre
- Candice Marro, psychologue et ostéopathe, ainsi qu’auteure (France)
- Jacques Brodeur, pédagogue, fondateur d’Édupax
- Caroline Fitzpatrick, docteure en psychoéducation
- Annie Desrosiers, directrice, Santé publique & CiuSSS – Estrie
- Manon Guérin, blogueuse et auteure
- Richard Robillard, pédagogue
- Caroline Quarré, intervenante et auteure
- Didier Reolon, expert en vente & marketing
- Claudine Maltais, directrice d’école
- Réjean Bergeron, philosophe, chroniqueur et auteur
- Catherine Noreau, coordinatrice, Santé publique & CiuSSS – Estrie
- Annie Grand-Mourcel, directrice des PREL (aujourd’hui, sous-ministre au Secrétariat à la Jeunesse)
- Jean-Guy Lacroix, philosophe et musicien
- Julie Raymond, enseignante
Titres des conférences
Le monde de l’enfant et de l’ado bousculé: défis et pistes de solution concrètes – 1er colloque international organisé par l’Institut de psychologie et neurosciences
Thème 1 – Les facteurs essentiels soutenant la santé des jeunes
- Jean-François Roberge – Allocution d’ouverture du 1er colloque international de l’Institut de psychologie et neurosciences
- Catherine Gueguen: Comment les neurosciences affectives et sociales modifient notre regard sur les jeunes
- Valérie Labbé: Comment sortir de la surmédicamentation des jeunes en détresse?
- Guy Falardeau: Tout ce qui bouge n’est pas du TDAH!
- Karina Marceau: Enjeux familiaux et d’éducation; plaidoyer pour sortir de la guerre des sexes.
Thèmes 2 & 3 – La place du numérique dans la vie des jeunes et des moins jeunes
- Véronique Bohbot: Impact du temps d’écran sur le cerveau et risques de maladies neuropsychiatriques
- Rejean Bergeron: Hygiène numérique et transmission culturelle
- Caroline Fitzpatrick: Grandir dans un monde digital: conséquences du temps d’écran sur les enfants et les adolescents
- Jacques Brodeur: Ces écoles qui enseignent la déconnexion numérique
- Didier Réolon: Le numérique dans la société marchande: vers une impossible individuation?
- Manon Rivard-Guérin: Comment devenir un bon modèle de parent pour guider les enfants à l’heure des écrans
Thème 4 – Le sens de l’Éducation: ode à la bienveillance, la cohérence et l’intégrité
- Lionel Carmant: allocution d’ouverture de la seconde journée du colloque
- Joël Monzée: Choisir d’agir avec bienveillance, cohérence et intégrité
- Jean-Guy Lacroix: Le sens de l’Éducation à travers les Âges
- Caroline Quarré: Quand notre idéal parental est difficile à rencontrer
- Catherine Gueguen: Repenser l’éducation à la lumière des neurosciences affectives et sociale
Thème 5 – Soutenir le développement des jeunes
- Richard Robillard / Julie Raymond: Plaidoyer pour la mise en pratique de l’empathie, de la bienveillance et de la saine fermeté en éducation
- Claudine Maltais: Cap vers la réussite
- Candice Marro: L’aventure de la méditation dans le parcours éducatif dès le plus jeune âge
Thème 6 – Vers une transformation de nos interventions auprès des jeunes
- Serge Beauchemin: Rêver, croire, agir
- Annie Grand-Mourcel: Des stratégies pour favoriser la persévérance scolaire et la réussite éducative.
- Annie Desrosiers / Catherine Noreau: Outiller les enfants de 4-8 ans dans leur développement socioaffectif – L’Estrie innove!
Pourquoi un tel événement?
Le monde de l’enfant et de l’ado bousculé: défis et pistes de solution concrètes – 1er colloque international organisé par l’Institut de psychologie et neurosciences
Un univers en transformation
Décembre 2018. L’Institut de statistiques du Québec (ISQ) a révélé les résultats d’une étude effectuée auprès de 62000 adolescents qui ont répondu à un questionnaire sur leur santé. Parmi les statistiques publiées par l’ISQ, il ressort que 23% de jeunes avec un diagnostic de trouble déficitaire de l’attention a/s hyperactivité (TDAH), à savoir majoritairement des garçons, ainsi que 17% avec un trouble d’anxiété́ généralisée (TAG) dont principalement des filles. Et on ne parle pas de ceux qui ont un diagnostic d’autisme, de syndrome Gilles de la Tourette, ainsi que toutes les étiquettes liées aux différentes formes de troubles de l’apprentissage. Si ces chiffres peuvent surprendre, ils sont toutefois cohérents avec les informations officieuses exprimées par nombre de direction d’école ou de commission scolaire. Notre jeunesse ne va pas bien. Et cela ne va pas en s’améliorant.
Janvier 2019. Un regroupement composé principalement de pédiatres questionne les stratégies actuelles de la prise en charge des jeunes qui rencontrent des difficultés. Si la prise de médicaments peut faire partie de la solution, est-ce qu’il est souhaitable que 14.5% de nos jeunes aient besoin de psychostimulants pour réussir leur scolarité́? Est-ce qu’il serait possible que le monde en transformation dans lequel nous vivons puisse contribuer à vulnérabiliser nos enfants et nos adolescents? Si nous savons qu’une fille sur cinq et qu’un garçon sur deux sont déjà̀ porteurs d’une vulnérabilité́ dans l’une des cinq sphères du développement à l’âge de 4 ans, comment les aider à grandir sereinement, prendre leur place d’une manière responsable et s’impliquer pleinement dans leur vie et dans la société́? Existe-t-il des leviers pour soutenir les jeunes, les familles et les institutions qui les accompagnent?
Aujourd’hui, on ne peut plus nier que les effets indésirables d’un usage des écrans de loisirs trop fréquent perturbent le développement des garçons comme des filles… Par ailleurs, est-ce que les dynamiques familiales, le contenu des assiettes, les programmes scolaires et tout ce qui colore le quotidien de nos jeunes pourraient avoir une certaine part de responsabilité dans la détresse vécue par de plus en plus de jeunes? Somme toute, est-ce que le loup serait entré dans la bergerie? Est-ce que la transformation de notre monde a bousculé les ressources dans nos maisons et nos classes?
Le loup est dans la bergerie
Fuyant les théories psychanalytiques, on a eu le reflexe depuis 25 ans de déclarer que ces difficultés trouvaient leur origine dans la « génétique ». Quand on parle de trouble neuro-développementaux, on identifie dès lors la génétique comme seule et unique cause des problèmes qui, d’une manière ou d’une autre, perturbent autant la réussite scolaire que l’implication familiale et sociale des jeunes et des moins jeunes.
Le problème, c’est qu’on se retrouve dans une situation dans laquelle les modèles théoriques dominants qui influent lourdement sur les modes d’intervention perçoivent l’enfant comme « isolé dans un bocal ». C’est à dire qu’ils présument que l’environnement n’est aucunement, ne serait-ce que partiellement, co-responsable des conditions rencontrées par le jeune en difficulté.
En fait, le nombre de défis que nos jeunes rencontrent aujourd’hui est exponentiel. Certains sont similaires à ceux que leurs parents et grands- parents ont rencontrés, mais d’autres sont nouveaux et ne sont pas nécessairement considérés comme des facteurs de risque. Par ailleurs, le rythme de la vie quotidienne, certaines traditions pédagogiques, l’usage des écrans de loisirs, la nourriture industrialisée, etc., ont induit des dynamiques perturbatrices du développement de l’enfant et de l’adolescent. Quelque part, l’accumulation des situations délicates a dépassé́ le niveau de l’acceptabilité́ sur les plans biologiques et psychologiques, ce qui affecte la capacité́ d’adaptation à celles-ci et, selon les fragilités des uns ou des autres, les réactions s’apparentent au TDAH ou au TAG.
En ne tenant pas compte de ces facteurs, on risque fort de se tromper de direction d’intervention éducative ou thérapeutique. Somme toute, on peut craindre de ne pas offrir les conditions nécessaires à ce que les enfants et les adolescents soient en mesure de développer leurs ressources, leur autonomie, leur sens des responsabilités et, pire, leur place dans la société. Il est donc urgent de dresser un bilan des défis, ainsi que des enjeux individuels et sociétaux pour s’assurer que notre système d’éducation et notre réseau de santé soient en mesure d’accompagner tous les jeunes et leurs familles.
Les pistes de solution
Il est clair que les données en neurosciences montrent que, d’une part, le cerveau n’atteint sa maturité que dans la quarantaine alors que, d’autre part, le potentiel de l’enfant et de l’adolescent dépend de son environnement pour se déployer. Sans nier les aspects génétiques, mais en rappelant que nos connaissances en épigénétiques nuancent les théories dominantes, il est donc important d’identifier les facteurs de risques, mais aussi les pistes de solution sur lesquelles les parents, les intervenants du monde de l’enfance et les professionnels de la santé peuvent s’appuyer pour permettre aux jeunes de développer leur plein potentiel. Il s’agit dès lors de regarder les éléments préventifs, éducatifs et thérapeutiques, qui permettront d’améliorer la santé de nos jeunes et leur implication scolaire, familiale et sociale.
C’est ainsi que se tiendra, en novembre 2019, un premier rassemblement de personnes-clés du monde de l’éducation et de la santé pour dresser un état des lieux, parler des défis et proposer des pistes de solution concrètes pour soutenir les jeunes dans leur développement, mais aussi les adultes qui les entourent. Durant deux journées, 22 conférenciers pourront interagir avec l’auditoire pour favoriser la mise en place d’un environnement physique et psychologique sain autour des jeunes, que ce soit dans leur famille ou leur école.